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Humour.com

11 novembre 2012

Vidéo: connaissez vous Norman?

Norman, nouveau phénomène du Net, fait des vidéos. C’est le type sympa de 24 ans qu’on voit derrière sa webcam bas de gamme. Décor ? Son appartement, option étagères gribouillées, linge en train de sécher à côté du lit. Des personnages ? Lui d’abord, son colocataire parfois, et le chat qui, de temps à autre, finit au micro-ondes.

 


Le chat de Norman (Norman fait des vidéos).

Quand on le rencontre, on a bien conscience que le Web a cette capacité à faire émerger puis à enterrer ses stars d’un jour. Mais on ne peut pas s’empêcher de se demander comment un type aussi ordinaire que Norman a réussi à attirer en six mois 20 millions de visiteurs uniques sur une dizaine de petites vidéos.

Rendez-vous est alors pris dans un café, vers le métro Nation.

Un Norman normal du Nord

Quand il commence à se décrire à Rue89, pas de doute, on est sûr d’être bien en face de lui :

« J’ai deux manières de me présenter : la première, c’est complètement nu. La deuxième, plus sérieuse, c’est que j’ai fait des études de cinéma et que j’ai pas mal crapahuté sur le Net avec mes potes durant cinq ans. Depuis six mois, les choses marchent vraiment pour moi. »

Les « choses », ce sont ces vidéos où, face au monde entier, il enchaîne des sketchs thématiques repris par des milliers d’internautes. À l’origine, une banale histoire de sport de table :

« Je suis rentré d’un cours de ping-pong et j’ai tout de suite voulu partager des situations qui m’ont fait rire. Le lendemain, je suis tout seul dans l’appartement, je prends une caméra bon marché et je commence à raconter des conneries sans aucune mise en scène. Ça a été instinctif, pas du tout travaillé à l’avance. »

À partir de là, Norman parle de ce qu’il connaît le mieux : son quotidien. Dans un format de quatre minutes – « sinon c’est trop long pour le Net, un peu comme si un musicien faisait des chansons de quinze minutes » –, il se moque des bilingues crâneurs, s’en prend aux timides à tendance psychopathe tout en décomposant le concept de virilité.

Pas de vidéo HD de 18 millions de pixels, pas de situations ringardes ou de plans trash pipi-caca. Juste une bande son rock faite maison, sur laquelle il enchaîne des vannes subtiles. Sa page Facebook dépasse les 500 000 fans, venus s’y inscrire en l’espace de six mois.

La peur de l’effet « bête de foire »

À propos du succès et du buzz qui l’entoure, Norman – de son nom complet Norman Thavaud –, reste prudent :

« Le mot “buzz”, ça me fait tout de suite penser à Kamini. Typiquement, c’est un délire unique dont il a profité comme d’un bon filon. C’est l’effet “bête de foire” : on rigole deux secondes, on montre ta gueule à la télévision et au revoir. Ça arrive très souvent sur Internet. »

Et il rajoute, comme pour mieux confirmer ce qu’il veut faire passer :

" Je revendique de jouer. Oui je suis content que ça marche mais je préfère qu’on me parle de ce que j’écris, de ce que je fais."


Justement, parlons-en. Depuis quelques années, Norman s’est entouré d’une « team » comme il la surnomme. Celle de ses meilleures potes avec qui il a formé le Velcrou, un site commun qui redirige vers les sites de chacun des trois « web-humoristes ».

Dans ses vidéos, plus « personnelles », on sent tout de suite la maîtrise du monteur vidéo qu’il a été pendant deux ans, après ses études de cinéma. Au cœur de ses « One man YouTube show », l’adulescence, une référence qui revient souvent et qu’il assume.

C’est d’ailleurs à partir de « Devenir un adulte », vidéo dans laquelle il
mettait en scène sa peur de grandir, qu’il commence à travailler sérieusement ses contenus autant dans le fond que dans la forme. 

 

Fan de Jacques Tati

Pendant que les jeunes de sa génération consommaient des dessins animés, Norman, lui, est biberonné au comique de Laurel et Hardy et s’entiche de Jacques Tati

 

Dépité de voir que ses fans n’aient pas aperçu la biographie du fameux Français à pipe sur ses étagères dans une de ses vidéos, il s’explique :

« J’ai toujours été un fan de Jacques Tati. Petit j’ai tout regardé et, en licence de cinéma, je reprenais à chaque fois ses œuvres quand il s’agissait de faire un devoir. Je trouve que ce qu’il faisait, c’était du burlesque beau. »

Dans un jeu de mot involontaire, il ajoute :

« C’est des rires sourds et des sourires. »

Comme un Jacques Tati qui aime faire parler ses décors comme ses sons, Norman utilise un arrière-plan on ne peut plus ordinaire pour que rien ne déconcentre l’internaute. L’écriture fait ensuite le reste.

Un humour « contenu », de « malaise »

D’ailleurs, ce qui lui plaît, ce n’est pas l’humour tapageur, l’humour « gueulard » et parfois crado qu’utilisent certains comiques et humoristes. Non, ce qu’il aime, c’est « l’humour du malaise » : un personnage gêné et timide qui tombe dans une situation ubuesque, à la manière des timides dont il tire un portrait grinçant. 

 

Il précise que c’est « le genre de sketchs riches contenant des micro-expressions avec lesquelles tu peux aller loin ». Un peu comme quand des personnes le reconnaissent dans la rue et lui lancent, comme si c’était leur pote, « Hey Norman, la pêche ? ». Décontenancé, le Norman en question essaye alors de fouiner dans ses souvenirs : un ancien du lycée, la tête à claque en primaire ? Non, juste un nouveau fan.

Et d’ajouter :

« On m’a dit que mon humour imitait celui de l’acteur Michael Cera. Le problème c’est que je ne l’ai découvert que lorsqu’on m’en a parlé. Ça reste un compliment parce qu’il a une façon de jouer que j’apprécie vraiment et qui me ressemble. »

Le succès tranquille

Depuis que ses petites vidéos ont fait le tour du Web, Norman Thavaud en vit, grâce à la publicité sur YouTube et quelques opérations spéciales (avec Orange, notamment). Il est comme sur un nuage, enchaînant les interviews comme si c’était chose naturelle. Mais il n’est pas seul à montrer sa tête au détour d’une page YouTube : CyprienHugo ou encore 10 minutes à perdre sont dans la même veine.

C’est donc à qui sera à la fois le plus original et le plus proche des internautes. A ce petit jeu-là, Norman a déjà une longueur d’avance. Épaulé par un de ses amis qui s’occupe des questions d’argent, Norman peut vivre de sa passion en toute liberté et a reçu beaucoup d’offres provenant autant de la télévision, de la radio que du cinéma.

Pourtant, il reste le même et n’entend pas dire oui à tout :

« On m’a proposé d’être dans des “quotidiennes” mais ça ne m’intéressait pas. D’une part je veux continuer à proposer des contenus de “stock” et, d’autre part, je veux pouvoir faire des choses qui me ressemblent ».

voici une de ses vidéo les plus connus"les chemises" :

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